Dignité aidant-Aidé⋅e au repas

Dignité aidant-Aidé⋅e au repas

Comment rencontrer la dignité en l’autre ? En particulier au moment des repas dans la relation aidant-aidé.e ? Tout dépend de l’endroit où l’on porte le regard. Dans cette vidéo, je vous propose d’expérimenter ce changement de regard à partir de 3 mots-clés : accueillir, reconnaître et remercier.

Présentation

Cette vidéo a été réalisée à l’occasion de la table ronde initiée par Silver Fourchette et le département de l’Ain. Le texte et les illustrations suivants reprennent le contenu de l’intervention en incluant des précisions et améliorations.

L’expérience de la dignité

Aidant et Aidé⋅e autour d'un repas.
Le repas est au centre de la relation entre aidant et aidé.e.

Pour commencer, je vous propose d’imaginer une scène que vous connaissez sûrement déjà : celle d’un repas avec une personne que vous aidez. Dit de cette manière, on peut déjà remarquer que l’attention est portée sur le repas et non sur la personne !

Imaginez donc que cette personne commence à manger de manière non attendue, par exemple qu’elle mange avec les mains. Qu’est-ce que cela génère chez vous en tant qu’aidant ? On peut imaginer ressentir de l’inconfort, une gêne parce que cette manière de manger n’est pas convenable.

Nous pouvons aller plus loin et imaginer que cela fasse vivre des émotions de rejet. Peut-être même, émergent quelques jugements sur la maladie de cette personne, qu’il y ait une neurodégénérescence. Il peut même y avoir une gêne vis-à-vis des autres des autres personnes dans la salle s’il s’agit d’un lieu public.

Imaginons maintenant être à la place de cette personne qui se met à un moment donné à manger différemment. Imaginez-donc que cette personne se sente elle aussi gênée, voire coupable ou honteuse. Coupable parce qu’elle n’arrive pas à manger d’une manière « convenable ». Honteuse parce que cela lui renvoie son état son état psychique et son état somatiques. Dans ce cas, l’aidé⋅e peut même se sentir en situation d’échec. Car dans un premier temps, elle peut redoubler d’efforts pour essayer de s’adapter et manger de manière attendue. Et en même temps, elle peut ressentir de l’échec. Car psychiquement et somatiquement ce n’est plus possible dans ces conditions. Ce qui peut la conduire à abandonner, voire à abandonner et nier ce qu’elle est.

Où portons-nous le regard ?

Alors la question se pose : où portons-nous le regard ? Dans cette mise en situation, le regard est avant tout porté sur les objets et les choses extérieures. Nous portons ici le regard sur l’objet repas, sur les apparences de la personne : sa maladie, son comportement. Il se porte aussi sur la salle, sur les autres convives autour. Nous le portons sur nos pensées, notre idéal et nos jugements.

Ici, l'attention est portée sur le repas dans la relation aidant aidé.e.
Ici, l’attention est portée sur le repas dans la relation aidant aidé.e.

De cette manière, nous ne portons pas l’attention sur l’être avec qui nous mangeons. Je vous propose donc de changer le lieu où se porte le regard :

Qu’en serait-il de s’intéresser moins à la forme que prend le repas et plus à l’être avec lequel on le partage ?

Dans ce cas là, le schéma que je vous propose est quelque peu différent. En effet, il s’agirait de moins porter attention aux choses extérieures et plus à l’être avec qui on les partages :

En portant le regard sur l'Être dans la relation aidant aidé⋅e
En portant le regard sur l’Être et sa dignité dans la relation aidant aidé⋅e

Avant d’aller plus loin, je vous propose une autre expérience : l’expérience de la dignité de soi à l’autre. Parce qu’on ne peut pas rencontrer la dignité de l’autre si on ne fait pas l’expérience de la sienne.

La dignité, de soi à l’autre

Je vous invite à prendre le temps de fermer les yeux. Portez le regard en vous, sur ce qu’il y a de plus essentiel et de plus merveilleux. C’est ce qu’il y a de plus beau et de plus majestueux. Il n’y a peut-être pas de mots pour décrire ce qui a de plus essentielle en vous. C’est souvent indicible mais vous pouvez sûrement sentir quelque chose de l’ordre d’une beauté, d’un amour, d’une envie de partager une certaine expérience, d’une ouverture, d’une clarté.

Je vous invite à garder cette attention sur vous et, en même temps, à porter votre regard sur ce qui est de plus essentiel en l’autre, de plus juste, de plus beau. Et en portant votre attention sur ce qui est plus majestueux en l’autre qui est face à vous au moment de ce repas, je vous invite à voir sa raison d’être, sa pertinence d’être, sa justesse. Et plus singulièrement portez l’attention sur sa justesse au moment de ce repas. Je vous invite à revoir cette même scène vue précédemment : celle de l’aidant que vous êtes, l’aidé⋅e qui est en face à vous et ce repas au milieu. Et je vous propose simplement de voir la justesse ou la raison, la pertinence qu’il y a pour l’être aidé, pour l’autre être, à manger par exemple, d’une manière non « convenable » ou non attendue.

Je vous invite maintenant à reconnaître ce qui est là pour lui ou elle. Et pouvoir se dire intérieurement ou oralement : « je vois la beauté de l’être que tu es. Je vois à quel point c’est important pour toi, que c’est ta raison, ta pertinence que tu ne peux pas faire autrement pour manger. C’est ce qui a de plus juste pour toi que de manger de cette façon et là. »

Là où se porte le regard

La relation aux objets

Nous ne portons donc plus cette fois le regard sur les objets extérieurs mais sur l’être intérieur. Dans ce cas la relation change du tout au tout. Car le lieu du regard a changé. De plus, en portant le regard sur l’être, nous portons le regard sur la relation entre cet être et les objets extérieurs.

Dignité : quand le regard se porte sur l'être, il devient possible de questionner sa relation au monde et aux objets.
Quand le regard se porte sur l’être, il devient possible de questionner sa relation au monde et aux objets.

Il est alors possible de poser les questions : « Comment est-ce mieux pour toi de manger ? Est-ce que c’est plus confortable pour toi de manger avec un couteau ? Avec une fourchette ? Est-ce que tu préfères un verre de cette manière ou peut-être une tasse avec une anse ? Qu’est-ce qui est le mieux pour toi ? »

Regard sur l’Être

Dans ce cas-là, ce qui est intéressant, c’est que toutes les gênes, les jugements que nous avions alors que nous portions notre regard sur les objets extérieurs, tout d’un coup s’effacent. Parce que le regard se tourne sur l’intériorité et la raison d’être de l’autre.

Dignité : considérer l'être révèle ses qualités intérieures.
Considérer l’être révèle ses qualités intérieures.

Quand nous portons l’attention sur les choses extérieures, nous nous focalisons sur l’apparence, sur les compétences, sur les comportements de l’autre. nous portons l’attention aussi sur la tâche qu’on a à effectuer. Par exemple, celle de faire manger une personne. Dans ce cas là on vit des jugements et on mesure l’autre en fonction de normes sociales ou d’attentes personnelles. Tandis que si le regard se porte sur l’être qu’est l’autre intérieurement, nous considérons ses qualités intérieures. Il est possible alors de toucher son rayonnement, son intention. Et nous expérimentons ainsi sa pertinence, sa raison d’être et sa raison dans son rapport aux choses.

Les 3 mots clés de la dignité

Je vous propose 3 mots-clés pour pour rencontrer la dignité chez l’autre : accueillir, reconnaître et remercier.

Le premier mot, c’est accueil, l’accueil de l’autre tel qu’il est. C’est à la fois accueillir comportement, son apparence, sa maladie et aussi l’être qu’est l’autre. C’est aussi accueillir la situation non pas comme une tâche à accomplir mais comme une opportunité de rencontre.

Le deuxième mot-clé c’est reconnaître. Reconnaître et valider l’autre en tant qu’être et non pas porter notre attention aux choses ou aux objets extérieurs. s’est dit vraiment porter l’attention sur l’être qui estl’autre reconnaître as tu existes tu eslà et en même temps reconnaître c’estvalidé ce qui est juste et pertinentpour jour pour l’autre ah ok tu asbesoin de manger de cette manière ok jecomprends mieux ce qui est le plus justepour toi.

Le troisième c’est remercier. Remercier l’autre de sa présence, remercier l’autre de l’échange qu’il a permis. C’est aussi le remercier de nous avoir appris à l’aider : « OK c’est mieux pour toi de manger avec des couverts » ou « c’est mieux avec les mains » « je te remercie de m’avoir fait comprendre cela, merci beaucoup et surtou merci de ta présence ». Car il est important de reconnaître, au moins pour soi, de l’opportunité d’expérience qui nous est donnée par cette rencontre.

Dignité et posture de l’aidant

Il est donc possible de voir la posture de l’aidant d’une autre manière. D’abord, avec cette première question : où portons-nous notre regard ? Portons-le nous sur les choses extérieures ou sur l’être qui est l’autre ? Plus sur la rencontre que génère cette être ou plus sur le repas par lui-même ? Le repas peut alors devenir une formidable opportunité de rencontres avant d’être une tâche à accomplir.

Ensuite, il ne convient pas tant de chercher à résoudre un problème de comportement ou un problème d’ajustement liés à nos attentes. Il convient beaucoup plus de de chercher à être au contact de ce qu’il ya de plus pertinent pour l’être que l’on considère et à valider sa raison, sa logique et son fonctionnement.

Enfin, et cela est extrêmement important. En rencontrant sa propre dignité, il est possible de reconnaître naturellement la dignité de l’être que l’on considère et ainsi de l’aider à toucher la dignité de l’être qu’il est.

En conclusion

Pour finir, je vous propose cette citation assez connue d’Einstein :

tout lemonde est un génie et si vous jugez unpoisson à sa capacité de grimper à unarbre il vivra toute sa vie en croyantqu’il est stupide comme une citationd’albert einstein

Albert Einstein

on pourrait le dire comme ça : tout le monde a une beauté une dignité intérieure mais si vous jugez cette personne à sa capacité et voit ses compétences ou aux attentes que vous avez il vivra toute sa vie en croyant qu’il n’est que ses attentes en s’identifiant aux attentes ou est ce qu’il est convenu où on va s’identifier aux normes sociales et non pas à l’être qu’il est intérieurement.

Et pour vraiment finir, voici une définition toute personnelle sur la dignité : la dignité c’est ce que l’on perçoit de grand chez l’autre c’est voir sa majesté sa beauté en rendant grâce à l’être qu’il est.

Dignité aidant-Aidé⋅e au moment des repas
La beauté des êtres resplendit dès que l’on porte le regard sur elle. Image par Free-Photos de Pixabay

Références